Chronique d'une moto

Il y a quelques temps, je me suis dit, travaillant à Paris : "Tiens, et si je m'achetais une moto pour aller au travail ?" 

Et me voilà parti à la conquête de la moto pas à moindre coût au travers des différents sites proposant des motos à un tarif plus que déraisonnable en occasion. Quelques heures de recherche plus tard, me voici devant un célèbre site de ventes aux enchères devant une annonce : "Moto neuve chinoise homologuée" à un tarif de 750€! 

Malgré tous les conseils qu'on peut me donner de ne pas acheter chinois parce que c'est pas solide, c'est mal fini, mal monté... J'enchéris sur la moto et remporte l'enchère! En même temps, ce n'était pas difficile puisqu'il n'y avait pas de concurrence. Me voici donc parti, volant de camionnette entre les mains, en direction de la moto tant attendue! Arrivé sur place 70 Kms plus tard, je me trouve devant la moto avec un ami puisque le monde de la moto m'est inconnu. Une moto rouge, effectivement plutôt plastique dans la finition, une sorte de moto de Ken. Dommage pour moi car, d'une, je ne sors pas avec Barbie (le plastique, c'est pas mon truc faut dire). De deux, je ne suis moi même pas en plastique et de trois, pas la moindre raison, je ne ressemble en rien à Ken... Ou sinon en vue 16/9ème, c'est à dire plus petit et plus large. Pas satisfait de l'apparence, je me dis "démarrons la, on verra bien ce que ça donnera". On ajoute un peu d'essence, ouvre le réservoir et là, innondation d'essence. Mauvais présage quand tu nous tiens! 

Aussitôt la messe est dite, bien qu'on soit en pleine semaine, je ne veux pas de cette moto car j'ai acheté une moto neuve roulante et non une moto à réparer. La personne me dit alors "Si vous voulez, j'en ai d'autres". Elle ouvre alors la porte de son garage et là, la caverne d'Ali-baba s'offre à nous! 4 motos se trouvent devant moi, il ne me reste plus qu'à choisir et là, une me donne un sentiment de finition bien meilleure que les autres. C'est celle-ci qui se trouve quelques minutes plus tard sanglée dans le mini camion. Retour chez moi et me voici propriétaire d'une moto 125, toujours chinoise, mais cette fois on me dit "Ah oui, ça à l'air solide quand même pour une chinoise"... 

Vient l'apprentissage de la moto, comment passer les vitesses, se tenir correctement dans les virages, etc... C'est sur un parking aérien d'un centre commercial que je vais aller me perfectionner, ne manquant pas, par la vitesse à laquelle je roule, de faire noyer le moteur du scooter d'un ami venu avec moi qui me maudira gentillement de rouler aussi lentement mais comme on dit "sécurité avant tout!" 

Quelques heures de pratique en pleine nuit plus tard, me voici un matin après-midi en route pour aller travailler à Paris. Premier pas dans la réalité et aussitôt je me fixe un challenge de taille, passer la place de l'étoile sans encombre... ( Pour ceux ne connaissant pas Paris, la place de l'Etoile, c'est la place avec l'Arc de Triomphe dessus :p). Objectif réussi et quelle joie de voir que je ne mets que 30 minutes au lieu de 50 pour aller travailler, tout ça en roulant de manière sécurité, sécurité (peut être plutôt la trouille de me vautrer lamentablement... mais chut). Les jours passent, je me débrouille de mieux en mieux, m'attaquant au périphérique et ne mettant que 25 minutes pour venir au boulot et en repartir. 

Quelques mois après ces aventures, me voici sous la pluie, toujours sécurité oblige (enfin toujours la trouille plutôt...), je roule tranquillement quand j'arrive sur une intersection. Venant de la droite, je ralentis légèrement me disant "Ca va, je suis prioritaire donc je peux y aller". C'était sans compter sur une femme qui arrive dans sa peugeot 307 et qui passe devant moi, téléphone à l'oreille, sans se soucier qu'une personne se trouve sur son chemin. Voyant ça, deux solutions s'offrent à moi : freiner en me rabattant ou me prendre la voiture. Je freine... du frein avant. Quelle idée! La roue avant se bloque aussitôt, glisse sur la droite vu que je me déportais et me voici en position de Superman, le poing en avant tandis que l'autre rejoint mon corps. Une expression me vient alors à la tête, celle qui nous sortait tous un rire idiot étant jeune dès qu'un de notre troupe s'amuser à faire un truc un peu risqué : "Jeaniiiiiiine". Trop tard, je suis par terre, sur le macadam trempé et ce n'est pas Jeanine que j'imite mais cette pauvre petite vieille dans la pub Pliz qui se jetait sur une table histoire de faire la poussière de cette dernière. Se relevant, elle annonçait clairement : "Et je ferai pas ça tous les jours!" Bein pour être honnête, moi non plus! Au milieu de ça, une nuée de gens viennent me demander du haut de leur voiture "Ca va?" et c'est derniers s'inquiètent lorsqu'ils me voient bouger la tête par secousse. Là, j'enlève mon casque et ils s'aperçoivent alors que je suis simplement mort de rire de m'être vu à la place de cette petite vieille. Tout va bien, je relève la moto et là, le guidon reste par terre. Enfin la moitié du guidon. Pour la moto, c'est raté, elle ne repartira pas morte de rire mais morte tout court. Paix à son âme... Si elle en a une! 

Quelques mois passèrent avant qu'elle soit réparée, une soudure un peu barbare certe mais qui recolle les morceaux, les clignotants changés et zou, nous revoici partis cheveux au vent... Sous le casque. Mais la magie n'y est plus, je n'ai plus confiance en elle. Je la ramène dans mon parking mais... c'est la fin d'une histoire.